Les défis en matière d’infrastructures avant l’administration du Président Bola Ahmed Tinubu

Article de Monica Nwabueze

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Pendant que le président Bola Ahmed Tinubu s’apprête à superviser les affaires du Nigéria, de nombreux défis l’attendent. Ces défis vont de l’énorme dette héritée des administrations précédentes à l’insécurité, en passant par des infrastructures en mauvais état qui ne demandent qu’à être prises en compte.

Le Nigéria est la plus grande économie d’Afrique et le pays le plus peuplé du continent. Le stock d’infrastructures du Nigéria étant actuellement estimé à trente-cinq pour cent du PIB, le pays présente d’importantes lacunes en matière d’infrastructures. On estime qu’il faudra investir environ 3 000 milliards de dollars pour répondre à la demande d’infrastructures de sa population croissante.

Les lacunes en matière d’infrastructures varient d’un secteur à l’autre. Il s’agit notamment de réseaux routiers et ferroviaires inadéquats, d’une alimentation électrique épileptique qui comprend des problèmes de production, de transmission et de distribution, ainsi que des défis en matière de logement et de santé, entre autres.

Il est donc nécessaire d’examiner l’état des infrastructures du pays, en vue de faciliter les mises à niveau nécessaires pour que le pays puisse rivaliser favorablement avec les autres nations développées et en développement.

Le Nigéria a besoin d’environ 84 milliards de dollars par an pour combler son déficit d’infrastructures, mais le gouvernement dispose d’une enveloppe annuelle totale d’environ 40 milliards de dollars et consacre plus de 90 % de ses recettes au service de la dette. Cette situation explique en grande partie l’incapacité du gouvernement à répondre à ses besoins en matière d’infrastructures. Le pays a donc besoin d’un partenariat avec le secteur privé pour financer le développement de ses infrastructures.

Il est établi que les administrations précédentes ont tenté de combler le déficit d’infrastructures en collaboration avec le secteur privé, mais le déficit n’a pas encore été comblé en raison des années de négligence sous le gouvernement militaire.

Pour tenter de relever le défi, l’administration précédente du président Buhari a adopté le plan directeur national des infrastructures et le plan de développement national, en tant que stratégies à long et moyen terme pour combler le déficit d’infrastructures. Il a également créé l’Infrastructure Corporation of Nigeria, un fonds de 15 milliards de nairas, destiné à stimuler les investissements en partenariat public-privé dans les infrastructures au pays.

Le gouvernement a également montré son engagement à reconstruire les infrastructures en allouant 5,96 mille milliards de nairas aux dépenses d’investissement dans le budget 2022. Il a également lancé 11 800 nouveaux projets, tout en poursuivant les anciens.

Ces projets concernaient la construction de nouvelles écoles, d’hôpitaux, de routes, de ponts, de maisons, d’infrastructures énergétiques et de télécommunications, malgré la pandémie de Covid-19, qui a entraîné son lot de difficultés.

La subvention des carburants est devenue un parasite pour l’économie nigériane, que la nouvelle administration du président Bola Ahmed Tinubu a promis d’annuler pour assurer la croissance de l’économie. Nombreux sont ceux qui pensent que cette suppression pourrait amener les Nigérians à payer plus cher le supercarburant, connu sous le nom d’essence, par rapport au prix actuel de 195 nairas à la pompe. Les économistes ont cependant avancé que la fin de la subvention pétrolière permettrait au pays d’économiser 250 milliards de nairas par mois et trois mille milliards de nairas par an. Cette somme pourrait être investie dans la mise en place de nouvelles infrastructures pour le bénéfice de tous.

La construction de nouvelles routes, de voies ferrées, de ponts, d’aéroports et de ports et la remise en état de ceux qui sont délabrés faciliteront les échanges et le commerce, ce qui créera des emplois et stimulera la croissance économique.

L’énergie est peut-être la plus importante de toutes les infrastructures. Il n’est pas étonnant que le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, ait déclaré un jour : “Pour rester au pouvoir, les dirigeants africains doivent s’appuyer sur l’énergie. L’Afrique en a assez d’être dans l’obscurité !” L’accès à l’électricité est essentiel pour la croissance économique et le développement du Nigéria.

L’amélioration des soins sanitaires se traduit par une meilleure productivité nationale. Le Nigéria doit accorder plus d’attention à ce domaine. L’administration Obasanjo de l’époque a lancé le projet national d’assurance maladie afin de subventionner les soins de santé pour tous. Ce programme a impliqué la construction de plusieurs établissements dans tout le pays, ce qui a permis d’améliorer l’accès aux services de santé. Néanmoins, les défis auxquels les Nigérians sont confrontés aujourd’hui dans le secteur de la santé ont continué d’évoluer.

Le principal d’entre eux est l’exode massif de médecins et d’infirmières qualifiés du Nigéria vers d’autres pays. Le Nigéria forme désormais des praticiens médicaux pour les perdre ensuite dans des pays qui semblent prendre le bien-être des travailleurs plus au sérieux. Dans ce cas, la construction d’installations sanitaires ultramodernes ne servira à rien si l’on ne dispose pas des cerveaux nécessaires pour les faire fonctionner.

La nouvelle administration doit donc se concentrer sur le bien-être des travailleurs de la santé, car une main-d’œuvre motivée fera des “merveilles” pour le secteur de la santé au Nigéria.

En octobre 2022, les universités nigérianes ont repris les cours après huit mois de grève pour cause de manque de bien-être des enseignants. Les actions syndicales ne sont pas nouvelles. Les conséquences catastrophiques que ces arrêts de travail infligent à l’économie ne le sont pas non plus. Les grèves des travailleurs universitaires ont été un défi permanent pour presque toutes les administrations depuis 1988. L’administration Tinubu devra donc trouver une solution durable à ces événements. Les problèmes récurrents qui conduisent aux grèves, qui ne sont pas nouveaux, doivent être traités d’urgence par la nouvelle administration.

Le Nigéria est un réservoir de succès et de défis. Le nouveau gouvernement doit donc s’atteler à la tâche en nommant des technocrates crédibles pour gérer tous les secteurs socio-économiques du pays. Les Nigérians sont impatients de voir des changements pour le mieux sous la nouvelle administration.

 

Traduction de Mourtada Nanzif  Adékounlé

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