Le sultan malaisien Ibrahim, originaire de l’État méridional de Johor, est devenu mercredi le 17e roi du pays. Il a prêté serment lors d’une cérémonie organisée au palais national de Kuala Lumpur.
La monarchie joue un rôle essentiellement cérémoniel en Malaisie, mais son influence s’est accrue ces dernières années, incitant le roi à exercer des pouvoirs discrétionnaires rarement utilisés pour réprimer l’instabilité politique.
Dans le cadre d’un système monarchique unique, les chefs des neuf familles royales de Malaisie se succèdent tous les cinq ans pour devenir le roi, connu sous le nom de “Yang di-Pertuan Agong”.
Le sultan Ibrahim, âgé de 65 ans, succède à Al-Sultan Abdullah Sultan Ahmad Shah, qui retourne à la tête de son État d’origine, le Pahang, après avoir achevé son mandat de cinq ans en tant que roi.
Bien que la monarchie soit largement considérée comme au-dessus de la politique, le sultan Ibrahim a été remarqué pour son franc-parler et sa personnalité hors du commun, prenant souvent la parole sur les questions politiques du pays.
Connu pour sa grande collection de voitures et de motos de luxe, le sultan Ibrahim a des intérêts commerciaux très variés, allant de l’immobilier à l’exploitation minière, y compris une participation dans Forest City, un projet de mise en valeur et de développement des terres au large de Johor, soutenu par la Chine et d’une valeur de 100 milliards de dollars.
Avant son installation, le sultan Ibrahim a déclaré au journal The Straits Times de Singapour qu’il entendait être un monarque actif et a proposé que la société pétrolière nationale de Malaisie, Petroliam Nasional, et l’agence nationale de lutte contre la corruption relèvent directement du roi.
Il a également évoqué son intention de relancer le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre la Malaisie et Singapour, qui est au point mort, avec un passage frontalier à Forest City.
Le Premier ministre Anwar Ibrahim a ensuite minimisé ces déclarations, affirmant que toutes les opinions pouvaient être discutées sans déroger à la constitution fédérale, ont rapporté les médias d’État.
Le sultan Ibrahim prend ses fonctions de roi dans un contexte de tensions politiques renouvelées en Malaisie.
Le pays est en proie à des troubles politiques permanents depuis 2018, lorsque la coalition Barisan Nasional, alors au pouvoir, a été évincée du pouvoir pour la première fois depuis l’indépendance, ce qui a incité le monarque à jouer un rôle plus important.
Le roi agit principalement sur les conseils du premier ministre et du cabinet, mais la constitution fédérale lui accorde quelques pouvoirs discrétionnaires, notamment celui de nommer un premier ministre dont il estime qu’il dispose d’une majorité parlementaire.
Le prédécesseur du sultan Ibrahim, Al-Sultan Abdullah, a exercé ce pouvoir à trois reprises pour résoudre l’incertitude politique durant son règne, deux fois après l’effondrement de gouvernements et la dernière fois en 2022, lorsqu’il a nommé Anwar à la suite d’une élection qui s’est soldée par un parlement sans majorité.
Avant de quitter le trône, le sultan Abdullah a appelé à la stabilité politique, en réponse aux informations diffusées par les médias ce mois-ci sur un prétendu complot visant à renverser le gouvernement. Plusieurs dirigeants de l’opposition et du bloc au pouvoir ont nié faire partie de ce complot.