Emmanuel Macron condamne “avec la plus grande fermeté” la tentative de coup d’État au Niger

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Emmanuel Macron a condamné, vendredi, “avec la plus grande fermeté le coup d’État militaire” en cours au Niger, qu’il considère “dangereux” pour la région. Il a également appelé “à la libération” du président Mohamed Bazoum, détenu par des militaires putschistes depuis près de 48 heures.

Depuis la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le président français, Emmanuel Macron, a condamné, vendredi 28 juillet, “avec la plus grande fermeté le coup d’État militaire” en cours au Niger, qu’il considère “dangereux” pour la région. Il a également appelé “à la libération” du président Mohamed Bazoum.

“Ce coup d’État est parfaitement illégitime et profondément dangereux pour les Nigériens, pour le Niger, et pour toute la région”, a relevé le président français lors d’une conférence de presse aux côtés du Premier ministre papouasien, James Marape. “C’est pourquoi nous appelons à la libération du président Bazoum et à la restauration de l’ordre constitutionnel”.

Quelques heures auparavant, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, avait déclaré que la France ne considère pas comme “définitive” la “tentative” de coup de force au Niger, où des militaires putschistes séquestrent depuis mercredi soir le président “démocratiquement élu” Mohamed Bazoum. La cheffe de la diplomatie française a également évoqué des “possibilités de sortie”.

Emmanuel Macron a parlé à plusieurs reprises – et encore vendredi matin – à son homologue Mohamed Bazoum dont “nous demandons la libération”, a-t-elle rapporté aux journalistes en marge de la visite du chef de l’État français en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le président nigérien, “qui est le président démocratiquement élu”, “dit qu’il est en bonne santé et nous souhaitons non seulement qu’il soit libéré, mais libéré en totale sécurité lui et sa famille comme préalable au retour à l’ordre constitutionnel”, a exhorté la ministre.

À Niamey, la capitale du pays, l’armée a apporté jeudi son soutien aux militaires putschistes.

“Des possibilités de sortie”

Ces derniers ont accusé la France, dont 1 500 soldats sont au Niger, d’avoir enfreint la fermeture des frontières en faisant atterrir un avion militaire à l’aéroport international de Niamey. Ils ont appelé “une fois pour toutes au respect strict des dispositions” prises par la junte.

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a exigé, quant à lui, “la libération immédiate du président Mohamed Bazoum qui reste le président légitime et légal du Niger reconnu par la Cédéao”.

Selon la cheffe de la diplomatie française, “la Cédéao s’est expliquée avec la plus grande clarté”, elle “va tenir une réunion au sommet vraisemblablement dimanche” “d’éventuelles sanctions pourraient être décidées” – et que la France soutiendra. Elle a réaffirmé que Paris condamnait “avec la plus grande fermeté la tentative de coup d’État” qui “n’a aucune légitimité”. 

“Si vous m’entendez parler de tentative de coup d’État, c’est que nous ne considérons pas que les choses sont définitives”, a encore déclaré Catherine Colonna, évoquant “des possibilités de sortie si les responsables de cette tentative entendent le message de la communauté internationale”.

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, jusqu’alors allié des pays occidentaux, devient le troisième pays du Sahel – miné par les attaques de groupes liés à l’État islamique et à Al-Qaïda – à connaître un coup d’État depuis 2020.

Le Mali et le Burkina Faso se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol.

“Le commandement militaire des Forces armées nigériennes” a “décidé de souscrire à la déclaration des Forces de défense et de sécurité”, indique un communiqué signé du chef d’état-major, le général Abdou Sidikou Issa, afin d'”éviter une confrontation meurtrière entre les différentes forces”.

Frontières fermées, couvre-feu

Les militaires putschistes ont annoncé “la suspension jusqu’à nouvel ordre des activités des partis politiques” et appelé “la population au calme” après des incidents lors d’une manifestation à Niamey organisée pour les soutenir, pendant laquelle flottaient des drapeaux russes et où des slogans anti-français étaient scandés.

Des jeunes ont pillé l’immeuble du siège du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), à quelques kilomètres du rassemblement, et mis le feu à des voitures garées sur le parking, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Une manifestation a également eu lieu à Dosso, à une centaine de kilomètres de la capitale.

Les militaires putschistes ont annoncé mercredi soir à la télévision nationale avoir renversé Mohamed Bazoum, au pouvoir depuis 2021, suite à “la dégradation continue de la situation sécuritaire, la mauvaise gouvernance économique et sociale”. La junte, qui rassemble tous les corps de l’armée, de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu de 22 h à 5 h (21 h à 4 h GMT).

Le putsch a été vivement condamné au sein de la communauté internationale. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a fermement condamné un putsch qui “bénéficie seulement aux groupes terroristes”, une “tendance inquiétante” au Sahel.

La Russie a souhaité la “libération rapide” du président nigérien, tandis que l’Allemagne a demandé à l’armée “de retourner dans ses casernes”. Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a dit avoir “clairement” assuré à Mohamed Bazoum le soutien des États-Unis, qui comptent environ 1 100 soldats dans le pays.

Le Niger est un partenaire privilégié de la France dans le Sahel et son histoire est jalonnée de coups d’État depuis l’indépendance de cette ex-colonie française en 1960.

 

Avec AFP

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