Le Media Rights Agenda, MRA, a appelé le président Bola Ahmed Tinubu à s’engager clairement à assurer la sécurité des journalistes au Nigeria et à mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes.
Elle demande également au président Tinubu de veiller à ce que les fonctionnaires et les acteurs non étatiques qui s’en prennent aux journalistes soient punis comme il se doit, conformément à la loi.
Le directeur exécutif de la MRA, M. Edetaen Ojo, a déclaré : “À l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes, nous restons extrêmement préoccupés par le fait qu’en dépit des nombreux et fréquents cas d’attaques contre des journalistes au Nigeria, avec au moins 19 journalistes tués au fil des ans, personne n’a jamais été accusé d’un quelconque crime pour ces attaques ou puni pour de telles infractions, avec pour résultat que le Nigeria semble suggérer que l’attaque ou le meurtre de journalistes est acceptable et n’entraînera pas de conséquences.
L’organisation a noté que cela fait maintenant 10 ans que l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé le 2 novembre de chaque année comme la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes par la résolution 68/163 sur “La sécurité des journalistes et la question de l’impunité”, qu’elle a adoptée le 18 décembre 2013 lors de sa 68e session.
Il a expliqué que dans la résolution, l’Assemblée générale des Nations Unies a exhorté tous les États membres, y compris le Nigéria ;
“De faire tout leur possible pour prévenir la violence contre les journalistes et les travailleurs des médias, de garantir la responsabilité en menant des enquêtes impartiales, rapides et efficaces sur toutes les allégations de violence contre les journalistes et les travailleurs des médias relevant de leur juridiction, de traduire en justice les auteurs de ces crimes et de veiller à ce que les victimes aient accès à des voies de recours appropriées.”
L’ARM rappelle que l’Assemblée générale a également demandé aux États de promouvoir un environnement sûr et propice permettant aux journalistes d’exercer leur métier en toute indépendance et sans ingérence indue, notamment au moyen de mesures législatives ; de sensibiliser l’appareil judiciaire, les responsables de l’application des lois et le personnel militaire, ainsi que les journalistes et la société civile, aux obligations et engagements internationaux en matière de droits de l’homme et de droit humanitaire concernant la sécurité des journalistes ; de surveiller et de signaler les agressions contre les journalistes ; de condamner publiquement les agressions ; et de consacrer les ressources nécessaires pour enquêter sur ces agressions et en poursuivre les auteurs.
Il a regretté qu’au cours des dix dernières années, le gouvernement nigérian n’ait pris aucune mesure perceptible pour satisfaire à l’une quelconque de ces exigences, alors même que les attaques contre les journalistes et autres professionnels des médias se sont poursuivies sans relâche et en toute impunité, y compris la répétition de certains des actes spécifiques condamnés par la résolution, tels que la torture, les exécutions extrajudiciaires, la violence physique contre les journalistes, la détention arbitraire, l’intimidation et le harcèlement, parmi d’autres.
M. Ojo a déclaré : “Sous l’administration actuelle, la nécessité de mettre en place des mécanismes pour assurer la sécurité des journalistes ne devrait pas être un argument difficile à faire valoir. En tant que propriétaire de médias, le président Tinubu doit certainement être personnellement conscient du rôle important que jouent les médias pour assurer l’information des citoyens et l’émergence d’une société bien informée, pour fournir aux membres du public les informations essentielles dont ils ont besoin pour prendre des décisions importantes dans leur vie et pour défendre la responsabilité et l’obligation de rendre compte du gouvernement au peuple, ainsi que du fait que le travail des journalistes les expose souvent au risque d’intimidation, de harcèlement et de violence.”
Selon lui, “nous espérons qu’étant mieux informé de ces questions que ses prédécesseurs, le Président ordonnera aux fonctionnaires et agences concernés de son administration de prendre les mesures nécessaires et de travailler avec d’autres acteurs des médias, y compris les organes professionnels des médias et les organisations de la société civile, afin d’établir un mécanisme national pour assurer la sécurité des journalistes et mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes”.