Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a officiellement lancé une nouvelle force frontalière dans le but de resserrer les frontières poreuses du pays.
L’inauguration a eu lieu dans la ville de Musina, où se trouve le poste frontière de Beitbridge, très fréquenté, avec le Zimbabwe.
M. Ramaphosa a déclaré que le nombre croissant de ressortissants étrangers sans papiers avait “exacerbé de nombreux problèmes sociaux et économiques du pays”.
L’immigration est l’une des questions politiques les plus pressantes de l’Afrique du Sud.
La gestion des frontières est devenue désorganisée et des pressions s’exercent sur le gouvernement pour qu’il fasse davantage pour réduire le nombre de personnes qui entrent dans le pays le plus développé d’Afrique subsaharienne en provenance de ses voisins.
Dans le même temps, la xénophobie des partis politiques attise les flammes à l’approche des élections de 2024, afin de mobiliser le soutien des Sud-Africains mécontents.
Jusqu’à présent, quatre ministères se partageaient la tâche de surveiller les frontières. Elles étaient également soumises à 58 lois du Parlement.
Désormais, l’Autorité de gestion des frontières, dont la mise en place a coûté des millions de dollars, est la troisième agence sud-africaine chargée de faire respecter la loi, après la police et l’armée.
La création de l’agence signifie que l’Afrique du Sud dispose désormais d’un bureau intégré de police des frontières, doté d’un commandement et d’un contrôle uniques.
Des centaines de gardes-frontières ont été recrutés et travailleront en collaboration avec les forces de défense. Ils surveilleront les points d’entrée de l’Afrique du Sud, qui comprennent huit ports maritimes, 52 frontières terrestres et onze aéroports internationaux.
Le président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, qui s’est entretenu au préalable avec M. Ramaphosa, a également assisté à l’inauguration.
Le dirigeant sud-africain a déclaré que les deux hommes avaient convenu que “nos pays veulent vivre en harmonie en tant que voisins”.
M. Ramaphosa a déclaré que l’autorité de gestion des frontières était un maillon essentiel pour exploiter les avantages de la zone de libre-échange continentale africaine, ainsi que pour lutter contre l’immigration clandestine et la traite des êtres humains.
D’autres problèmes sont venus s’ajouter aux difficultés rencontrées par l’Afrique du Sud en matière de contrôle des frontières ces derniers temps.
Une clôture de plusieurs millions de dollars érigée entre l’Afrique du Sud et le Zimbabwe s’est effondrée, rendant difficile l’arrêt de l’immigration clandestine.
Au fil des ans, un grand nombre d’agents des forces de l’ordre ont été arrêtés pour corruption après avoir exigé des pots-de-vin.
L’Afrique du Sud a effectué un recensement en 2022, dont les résultats devraient être publiés le 10 octobre.
Les données publiées à la suite du recensement de 2011 ont révélé que 3,96 millions de personnes nées à l’étranger vivaient en Afrique du Sud, y compris les migrants sans papiers. Selon Statistics South Africa, cela représente environ 6 % de la population du pays.
Beaucoup pensent que le nombre d’immigrés clandestins pourrait être beaucoup plus élevé, car le gouvernement est souvent accusé de ne pas prendre de mesures plus audacieuses pour lutter contre l’afflux d’étrangers sans papiers.
D’autres organisations, telles que le mouvement de rue anti-migrants Operation Dudula, ont accusé les immigrés clandestins de contribuer aux niveaux élevés de criminalité.
Le débat sur l’immigration est souvent entaché d’épisodes de violence, de xénophobie et de désinformation, les chômeurs sud-africains étant amenés à croire que leurs emplois sont occupés par des sans-papiers originaires d’autres pays africains.
En début de semaine, l’opération “Dudula” a entraîné la fermeture de magasins appartenant à des non Sud-Africains et gérés par eux à Soweto. Cette opération intervient après que deux enfants sont morts après avoir consommé des biscuits achetés dans l’un de ces magasins.
