Naufrage meurtrier dans la Manche: quatre mises en examen, notamment pour homicides involontaires

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Deux Irakiens et deux Soudanais ont été mis en examen et placés en détention provisoire mercredi par la justice française, après le naufrage de samedi dans la Manche qui a provoqué la mort de six Afghans tentant de rejoindre l’Angleterre. Ces quatre personnes sont notamment soupçonnées d’homicides et blessures involontaires.

Quatre hommes ont été mis en examen mercredi 16 août puis placés en détention provisoire après le naufrage meurtrier survenu samedi, dans la Manche, d’une embarcation de migrants tentant de rallier l’Angleterre par le détroit du Pas-de-Calais, l’un des plus fréquentés du monde.

Six exilés afghans ont péri. Mercredi, leurs corps étaient encore en cours d’identification à l’Institut médico-légal de Lille. Les quatre hommes mis en examen, selon une source judiciaire qui confirmait une information du journal Le Monde, avaient été placés en garde à vue le jour du drame.

Deux – de nationalité irakienne et nés en 1980 – sont “soupçonnés de faire partie de la filière d’immigration clandestine ayant organisé le transport de migrants”, a précisé le parquet de Paris. Les deux autres – de nationalité soudanaise et nés en 1994 et 2006 – sont “soupçonnés d’avoir participé activement au transport des passagers dans des conditions dangereuses, en contrepartie d’un tarif privilégié sur leur propre passage”, a ajouté le ministère public.

Ils ont été mis en examen pour homicides et blessures involontaires par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence, aide au séjour irrégulier en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre ce délit. Un juge des libertés et de la détention les a placés en détention provisoire, a précisé la source judiciaire peu après minuit.

Avarie moteur

Les investigations, menées sous la direction de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée et confiées depuis mercredi à deux juges d’instruction, ont “à ce stade permis d’établir que l’embarcation de fortune avait subi une avarie moteur”, a expliqué le parquet. Le canot s’est “déchiré en mer”, avec des passagers “pour la plupart” dépourvus de gilets de sauvetage.

Les 38 personnes rescapées dans les eaux françaises ont été auditionnées, a précisé le parquet. Une demande d’entraide pénale internationale a “été adressée” aux autorités britanniques pour que soient auditionnées les 23 personnes secourues côté anglais.

La préfecture maritime (Premar) de la Manche et la mer du Nord recherchait également encore mercredi un potentiel disparu, après une consolidation du bilan des victimes, certains rescapés faisant état de 65 personnes à bord, d’autres de 66.

Malgré ce nouveau naufrage, le plus meurtrier depuis celui survenu en novembre 2021 au cours duquel au moins 27 migrants ont perdu la vie, les tentatives de traversées s’étaient poursuivies dans la nuit de mardi à mercredi.

Jusqu’à la mi-journée, une dizaine d’embarcations ont été vues en mer, par météo calme, dont une a été secourue et ramenée côté français avec une vingtaine de personnes à bord, a indiqué une porte-parole de la Premar. Sur les côtes anglaises, un photographe de l’AFP a constaté l’arrivée de dizaines de migrants, dont de nombreux enfants et une femme enceinte.

D’après un décompte effectué par l’AFP, plus de 100 000 migrants ont traversé la Manche depuis le développement du phénomène des “small boats”, en 2018, en réponse au verrouillage du port de Calais et du tunnel sous la Manche. Depuis début 2023, environ 17 000 migrants sont arrivés dans le sud de l’Angleterre à bord de ces bateaux, souvent de simples pneumatiques.

 

Avec AFP

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