”La détention arbitraire du dirigeant nigérien est un acte de terrorisme” (Président ivoirien)
Détails avec Timothy Choji, Abuja
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, a fait entendre que la détention illégale et continue du président Mohammed Bazoum de la République du Niger par des putschistes n’est rien d’autre qu’un acte de terrorisme.
Déclaration faite par le président ivoirien à Abuja, la capitale nigériane, lors d’une interview avec les correspondants de la State House.
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D’après lui, la CEDEAO a fait de son mieux en envoyant des émissaires à la junte au Niger, afin de restaurer pacifiquement un régime démocratique, mais tous les efforts se sont avérés infructueux.
“Nous avons envoyé des délégations, de hautes personnalités à savoir l’ancien président Abdulsalami Abubakar du Nigéria, le sultan de Sokoto, le 14e émir de Kano et l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigéria, Sanusi mon ami, et bien d’autres personnalités de ce pays important, pour parler au peuple nigérien.
“Mais ils gardent le président Bazoum en otage. Je considère personnellement qu’il s’agit d’un acte terroriste. Et nous ne pouvons pas laisser cela continuer. Nous devons agir.
Le président de la Côte d’Ivoire a souligné que la décision prise par la CEDEAO était collective et qu’il ne s’agissait pas d’un cas où le Nigéria s’opposerait à son voisin le Niger, comme cela a été insinué.
Il a précisé que le président du Niger, Mohammed Bazoum, devait être libéré pour exercer le mandat qui lui a été confié par son peuple.
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“La position de la Côte d’Ivoire, qui a été endossée par tous les chefs d’Etat, est que nous avons pu dire à ces putschistes que leur place se retrouve dans les casernes. Ils doivent aller combattre les terroristes et ne pas essayer d’enlever un président démocratiquement élu.
“Nous avons eu un très bon sommet. Nous remercions le président Tinubu de nous avoir invités, de son hospitalité et du peuple nigérian.
“Comme vous le savez, c’est le deuxième sommet en dix jours que nous organisons au Niger et c’est un problème crucial que nous devons résoudre. Comme vous le savez, la CEDEAO a pris de nombreuses décisions dans le passé, juridiques et factuelles, concernant les coups d’État et la communauté a toujours condamné les coups d’État, ce qui s’est produit dans de nombreux pays de la région. La CEDEAO est intervenue dans le passé au Liberia, en Sierra Leone, récemment en Gambie, en Guinée Bissau et aujourd’hui nous avons une situation similaire au Niger.
“Je voudrais réitérer que la CEDEAO ne peut pas accepter cela. Il ne s’agit pas d’un conflit entre le Nigéria et le Niger, pas du tout. La décision que nous avons prise aujourd’hui et j’espère qu’elle sera mise en œuvre immédiatement est une décision de la CEDEAO; tous les chefs d’État pensent que nous avons essayé de dialoguer avec les putschistes.
“Je pense que ces putschistes doivent partir. Bazoum est le président démocratiquement élu. Il doit être libéré, il doit pouvoir exercer son mandat librement”, a-t-il ajouté.
Position du Sénégal
Le président sénégalais, Macky Sall, qui s’est également adressé aux journalistes, a martelé que la CEDEAO n’accepterait plus les coups d’État, mais qu’elle soutiendrait la démocratie.
“Je soutiens l’action proposée par la CEDEAO, à savoir que nous n’accepterons pas cette tentative de coup d’État et que nous mettrons tout en œuvre pour que l’ordre constitutionnel revienne au Niger.
“Si nous avons commis des erreurs dans le passé, nous devrions essayer de les corriger maintenant. Il y a toujours un moment pour commencer. Je pense que c’est une erreur de ne pas avoir agi auparavant, mais maintenant que nous sommes ensemble sur ce sujet, nous devons agir pour faire en sorte que cela ne continue pas”, a fermement mantenu le Président Sall.