Les Nigérians se sont rendus aux urnes les 25 février et 18 mars 2023 pour élire un nouveau président, des membres de l’Assemblée nationale ainsi que 28 gouverneurs étatiques et les membres de 36 parlements étatiques.
Il s’agissait des septièmes élections générales consécutives depuis le retour du pays à la démocratie en 1999. Cela représente 23 ans de démocratie ininterrompue, la plus longue de l’histoire du Nigéria.
L’élection présidentielle a été disputée entre dix-huit partis politiques et s’est déroulée dans un nouveau cadre électoral. Le nouveau cadre électoral, connu sous le nom de loi électorale 2022, permet à l’organe électoral du pays, la Commission électorale nationale indépendante (INEC), d’utiliser la technologie dans la tenue des élections en utilisant le système bimodal d’accréditation des électeurs (BVAS) pour l’identification et l’authentification biométriques des empreintes digitales et du visage des électeurs.
La nouvelle loi permet également à la commission de transmettre les résultats des élections par voie électronique depuis les centres de collecte vers les serveurs de l’INEC et le portail de visualisation des résultats immédiatement après le dépouillement des votes.
Invariablement, la nouvelle innovation technologique introduite par l’INEC a ouvert la voie au système de pré-inscription en ligne des électeurs et au nouveau dispositif d’inscription de l’INEC, ce qui a permis de réduire les longues files d’attente observées lors des précédents exercices d’inscription et de vote des électeurs dans le passé. La nouvelle loi électorale, telle qu’amendée par l’Assemblée nationale nigériane, a également étendu la durée des campagnes politiques de 90 à 150 jours, ce qui a également permis aux hommes politiques de visiter les coins et recoins du pays s’ils le souhaitent.
Cependant, au lieu de réduire la façon dont l’argent est utilisé dans la politique nigériane, la loi a augmenté les fonds de financement des campagnes, qui sont passés de 1 milliard à 5 milliards de nairas pour les candidats à la présidence. Les plafonds pour les autres postes électifs ont également été augmentés de manière significative dans la nouvelle loi électorale.
Il y avait 93,4 millions d’électeurs nigérians inscrits pouvant se rendre aux urnes. Cependant, seuls un peu plus de 30 millions de personnes se sont rendues aux élections présidentielles et à l’Assemblée nationale du 25 février, ce qui est loin d’être le cas.
Avant les élections, l’arbitre électoral a adopté des plans d’action stratégiques pour assurer le bon déroulement des élections. Pour ce faire, la commission a activé 2 673 centres supplémentaires d’enregistrement permanent des cartes d’électeurs dans tout le pays, a introduit un système d’accréditation et de vote simultanés et a créé des unités de vote supplémentaires plus proches des électeurs. Elle s’est également engagée de manière continue avec les parties prenantes aux élections, telles que les agences de sécurité, les dirigeants des partis politiques, les groupes de la société civile et les médias, en vue d’améliorer les processus électoraux.
Afin de s’assurer qu’aucun électeur éligible ne soit privé de son droit de vote lors des élections générales, la commission a pris des dispositions spéciales pour les personnes handicapées et des dispositions adéquates pour que les électeurs des camps de personnes déplacées puissent exercer leur droit de vote pendant les élections.
La commission s’est également engagée dans des programmes de sensibilisation continue sur les processus et les préparatifs des élections en galvanisant les citoyens et en s’assurant qu’ils comprennent et participent pleinement aux procédures électorales pour un déroulement pacifique des élections.
Malgré les mécanismes et les mesures mis en place par la commission avant les élections, celle-ci a encore rencontré quelques difficultés. Il s’agit notamment des attaques contre les installations et le personnel de la CENI dans certaines parties du pays, de l’achat de votes pendant les élections, du dysfonctionnement du BVAS dans la transmission des résultats de l’élection présidentielle, entre autres.
Malgré toutes les difficultés rencontrées, les élections se sont généralement déroulées dans le calme et les vainqueurs ont été annoncés sans rancune. Les perdants ont pris le bon chemin en recourant aux lois du pays qui leur permettent de contester les résultats devant les tribunaux électoraux spéciaux mis en place par le gouvernement.
Il convient donc de féliciter non seulement l’arbitre électoral, mais aussi le gouvernement nigérian, qui a soutenu la commission de manière adéquate en veillant à ce que les fonds soient rapidement débloqués pour permettre à l’INEC de mener à bien ses activités électorales.
Les électeurs nigérians, quant à eux, devraient également être félicités pour leur résilience en participant aux processus électoraux en dépit de tous les obstacles. Les observateurs étrangers et locaux, les médias et, bien sûr, les agences de sécurité devraient également partager la gloire du succès des élections de 2023.
À l’avenir, l’INEC doit améliorer son processus de planification afin d’éviter les difficultés rencontrées lors de la transmission électronique des résultats de l’élection présidentielle et de créer des barrières solides contre l’achat et la vente de votes. Ce faisant, les électeurs auront davantage confiance en la commission.
La commission doit éviter tout acte susceptible de faire naître dans l’esprit des électeurs le doute que leur vote ne comptera pas. De même, le personnel utilisé pendant les élections ne doit être composé que de personnes testées, dignes de confiance et intègres, afin de susciter la confiance dans le système.
Les politiciens, quant à eux, ne devraient pas toujours considérer les élections comme une affaire de survie et éviter les actes de désespoir. Les agents de sécurité, quant à eux, devraient éviter toute pratique corrompue et suivre strictement les règles d’engagement en matière de sécurité électorale, tandis que les médias devraient jouer leur noble rôle de chien de garde et agir de manière professionnelle pendant les élections.