La capitale du Soudan a été frappée par des bombardements aériens au 22e jour des combats, quelques heures seulement avant que les belligérants ne se rencontrent en Arabie Saoudite pour leurs premiers pourparlers directs.
Les combats de rue dans cette ville de cinq millions d’habitants continuent de causer des destructions.
Les affrontements entre le dirigeant de facto du Soudan, Abdel Fattah al-Burhan, qui dirige l’armée régulière, et son adjoint devenu rival, Mohamed Hamdan Daglo, qui commande les forces paramilitaires de soutien rapide, ont fait des centaines de morts depuis l’éclatement du conflit le 15 avril dernier.
De nombreuses trêves ont été conclues, mais aucune n’a été respectée.
Dans une déclaration commune, les États-Unis et l’Arabie saoudite ont indiqué que l’armée et les Forces de soutien rapide tiendraient des discussions directes à Djeddah samedi, les qualifiant de “discussions préalables aux négociations”.
“L’Arabie saoudite et les États-Unis exhortent les deux parties à prendre en considération les intérêts de la nation soudanaise et de son peuple et à s’engager activement dans les pourparlers en vue d’un cessez-le-feu et de la fin du conflit.
L’armée a confirmé qu’elle avait envoyé des émissaires en Arabie saoudite pour discuter des “détails de la trêve en cours d’extension” avec ses ennemis paramilitaires.
Daglo, plus connu sous le nom de Hemeti, s’est rendu sur Twitter pour saluer les discussions et remercier les États-Unis, l’Arabie saoudite et d’autres acteurs internationaux pour leurs efforts.
Le général, dont la force est issue de la milice Janjaweed accusée de crimes de guerre dans la région du Darfour au Soudan, a affirmé “la nécessité de parvenir à un gouvernement civil de transition qui […] réponde aux aspirations de notre peuple”.
L’armée et les forces de sécurité soudanaises ont cherché à se présenter comme des protecteurs des valeurs démocratiques, bien qu’elles aient organisé un coup d’État en 2021 qui a fait dérailler la transition du pays vers un régime civil.
Samedi matin, des témoins ont déclaré que des avions de guerre avaient bombardé plusieurs quartiers de la capitale Khartoum, où la société de télécommunications MTN a déclaré que tous ses services avaient été interrompus.
M. Burhan avait apporté son soutien à un cessez-le-feu de sept jours annoncé par le Sud-Soudan mercredi, mais tôt vendredi, la RSF a déclaré qu’elle prolongeait de trois jours une trêve précédente négociée sous la médiation américano-saoudienne.
La déclaration américano-saoudienne souligne les efforts d’autres pays et organisations à l’origine des pourparlers de ce week-end, notamment la Grande-Bretagne, les Émirats arabes unis, la Ligue arabe, l’Union africaine et d’autres groupes.
Khalid Omer Yousif, ancien ministre, a exprimé l’espoir que les pourparlers aboutissent à “un cessez-le-feu complet qui ouvre la voie à une solution politique globale”.
Au moins 700 personnes ont été tuées et des milliers d’autres blessées dans les combats qui ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, soit à l’intérieur du pays, soit de l’autre côté de la frontière, vers les pays voisins.
Le Sud-Soudan voisin, qui avait négocié la prolongation de la trêve de sept jours, a déclaré tard vendredi que son président, Salva Kiir, avait parlé aux généraux soudanais de “ses préoccupations et de celles des dirigeants de l’IGAD”, le groupe régional d’Afrique de l’Est.
Alors que l’armée avait précédemment déclaré qu’elle privilégiait les “solutions africaines aux problèmes du continent”, c’est finalement l’initiative américano-saoudienne qui a eu le dessus, le Soudan ayant été suspendu de l’Union africaine depuis le coup d’État de 2021.
Burhan et Daglo avaient orchestré ensemble le coup d’État d’octobre de cette année-là, faisant dérailler la transition démocratique qui avait été laborieusement mise en place après l’éviction de l’ancien autocrate Omar al-Bashir en 2019.
Mais les deux hommes se sont par la suite affrontés dans une lutte de pouvoir acharnée, plus récemment au sujet de l’intégration des forces de sécurité dans l’armée.
L’annonce des pourparlers directs a été faite après que le chef des services de renseignement américains, Avril Haines, eut mis en garde contre un conflit “prolongé” qui “créerait un plus grand potentiel de retombées dans la région”.
Les combats se poursuivent malgré les avertissements du président américain Joe Biden, jeudi, concernant d’éventuelles sanctions à l’encontre des personnes responsables de “menacer la paix, la sécurité et la stabilité du Soudan” et de “saper la transition démocratique du Soudan”.
Le Soudan a subi des décennies de sanctions pendant le règne de M. Bashir, renversé par un coup d’État en 2019 à la suite de manifestations de rue massives.
L’agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, a déclaré qu’elle se préparait à un exode de 860 000 personnes en raison du conflit.
Les Nations unies ont également averti que les combats pourraient plonger 2,5 millions de personnes supplémentaires dans l’insécurité alimentaire en quelques mois, ce qui signifie que 19 millions de personnes auraient besoin d’aide pour éviter la famine.
L’UNICEF, l’agence des Nations unies pour l’enfance, a déclaré que “la situation au Soudan est devenue fatale pour un nombre effroyablement élevé d’enfants”.
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