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Le 48e cérémonie des César sacre un film sur un féminicide, les réalisatrices absentes

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“La Nuit du 12”, qui raconte l’enquête impossible sur un féminicide, a triomphé lors de la 48e cérémonie des César, vendredi, envoyant un message féministe dans une soirée où les réalisatrices n’étaient présentes que dans les discours.

Le cinéma français s’est réuni à l’Olympia de Paris, vendredi 24 février, pour la 48e cérémonie des César. “La Nuit du 12” a remporté six prix, dont un rare doublé : César du meilleur film et du meilleur réalisateur pour Dominik Moll. “J’ai une pensée pour la vraie Clara, la vraie victime de l’affaire qui a donné lieu au film. Elle s’appelait Maud”, a-t-il déclaré en recevant son prix.

Les deux acteurs principaux Bastien Bouillon et Bouli Lanners ont remporté chacun un César (meilleur espoir masculin et meilleur second rôle masculin) pour leur rôle d’enquêteurs bousculés par cette enquête qui tourne à l’obsession. Inspiré d’un fait divers, “La Nuit du 12” livre une galerie de suspects qui ne se rendent même pas compte de la misogynie de leurs propos, et s’attaque aussi au machisme dans la police.

“Les cinéastes devaient s’emparer du récit” sur les violences faites aux femmes, a lancé l’une des productrices du film, Caroline Benjo. “Vive les femmes et vive les hommes qui rejoignent leur combat”, a-t-elle ajouté dans un discours fort, écouté larmes aux yeux par l’actrice Judith Chemla, qui a dénoncé publiquement les violences domestiques qu’elle a subies.

“On ne sera ni de passage, ni un effet de mode !”

Ce signal était d’autant plus attendu que les nominations avaient encore plus que les années précédentes laissé les réalisatrices de côté : aucune nommée pour la meilleure réalisation, une seule pour le meilleur film (Valéria Bruni Tedeschi).

Plusieurs lauréates ont profité de leurs remerciements pour les sortir de l’oubli. Comme l’actrice franco-belge Virginie Efira, César de la meilleure actrice pour “Revoir Paris”, qui a souhaité dédier ce prix à sa réalisatrice Alice Winocour, et “l’étendre” à d’autres, dont Rebecca Zlotowski (“Les enfants des autres”, absente des nominations).

“On ne sera ni de passage, ni un effet de mode !”, a promis la cinéaste Alice Diop, César du meilleur premier film pour “Saint Omer”. Tonie Marshall reste à ce jour la seule femme à avoir reçu un César du meilleur réalisateur avec “Venus Beauté (institut)” (2000).

Noémie Merlant a eu une pensée pour toutes celles “qui aurait dû être célébrées”. “Elles me manquent” a déclaré l’actrice, César du meilleur second rôle féminin pour “L’Innocent”. Ce film de Louis Garrel, qui était favori avec 11 nominations, est le grand perdant de la soirée, avec un seul autre trophée, pour son scénario.

Côté interprète masculin, Benoît Magimel a vécu “un moment assez fou” en remportant pour la deuxième année d’affilée le César du meilleur acteur, avec “Pacifiction ­– Tourment sur les îles”. Du jamais vu.

Les César n’ont pas oublié l’Ukraine, évoquée par Louis Garrel (ce pays “vit une tragédie depuis un an maintenant à cause de cette guerre folle et criminelle”), ni l’Iran, par Golshifteh Farahani (“Choisissez ce régime ou nous, le peuple iranien”).

Une activiste pour le climat, soutenant le collectif Dernière rénovation et arborant un T-shirt “We have 761 days left” (il nous reste 761 jours) a brièvement interrompu le début de la cérémonie, avant d’être sortie. Cette séquence n’a pas été diffusée sur Canal+, diffuseur des César.

 

Avec AFP

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