Indications Géographiques au Nigéria : le futur en marche avec l’appui de l’AFD et l’UE

Propos recueillis par Murtada Nanzif Adekunle

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Pour soutenir la croissance des exportations non pétrolières au Nigéria, il faut également penser aux Indications Géographiques (IG) du pays.

Les indications géographiques représentent un signe apposé sur des produits ayant une origine géographique particulière, qui possèdent des qualités ou une notoriété dues à cette origine. Pour pourvoir être considéré comme une indication géographique, le signe en question doit permettre d’identifier un produit comme étant originaire d’un lieu donné.

Au Nigeria, nous utilisons des références géographiques pour indiquer l’originalité et la qualité des produits, telles que “Ijebu Garri” d’Ijebuland, “Aso Oke”, “Adire”, “Ofada Rice” du sud-ouest du Nigeria et “Ose Nsukka” de l’État d’Enugu, pour n’en citer que quelques-unes.

C’est pour ainsi ajouter un plus à l’exploitation des IG que ce jeudi 1 décembre, l’Ambassade de France, l’Agence Française de Développement (AFD), en partenariat avec l’Africa International Trade and Commerce Research (AITCR) et l’Union Européenne se sont réunis autour d’une table ronde pour aborder ce sujet dans une ambiance conviviale.

Cette rencontre, selon l’ambassadrice de la France au Nigéria, Son excellence Emmanuelle Blatmann ‘’ contribuera à sensibiliser à la valeur stratégique, économique et culturelle des produits nigérians. C’était aussi l’occasion, selon la même source, ‘’de présenter les résultats de l’étude financée par les autorités françaises (AFD), visant à identifier les produits à indication géographique possibles au Nigeria, ainsi qu’à explorer leur contribution potentielle à la croissance économique.’’

Dans son discours, l’ancien directeur général du Conseil nigérian de promotion des exportations (NEPC), Olusegun Awolowo, en prenant compte des opportunités que regorgent les IG dans la croissance des exportations non pétrolières, a révélé qu’il s’est réellement engagé pour le partenariat avec l’Ambassade de France au Nigéria, l’AFD, le AITCR afin de promouvoir les IG au Nigéria. Pour lui, ‘’les IG vont jouger un rôle important dans la promotion des objectifs de la Zone de libre-échange continental africain (Zleca), étant donné que la réglementation et la documentation propres de ces IG dans le cadre de l’accord faciliteront le renforcement de la coopération en matière d’investissement, de droits de propriété intellectuelle et de concurrence.’’

Tout en s’appuyant sur les expériences européennes en ce qui concerne les IG, Samuela Isopi, l’ambassadrice de l’Union européenne au Nigéria a noté que cela a été un ‘’ game changer et un success story’’, selon ses propres termes, pour les pays européens. Il y a eu des bénéfices qu’ont tirés les pays européens des IG, selon elle, et qu’il ya un potentiel énorme en Afrique, surtout au Nigéria dans le domaine agricole. Pour elle, l’agriculture est le vrai pétrole du Nigéria.

Comment le Nigéria pourrait-il tirer profit des produits des Indications Géographiques dans le commerce international ? En s’appuyant sur les profits que le Nigéria pourrait tirer, Samuela Isopi a également prodigué des conseils

Voici ce que la diplomate française, Emmanuelle Blatmann propose comme profit du Nigéria.

En tant qu’indication de provenance, les IG informent les consommateurs de l’origine de leurs produits, évoquant ainsi les sentiments nostalgiques associés aux lieux d’origine et créant également une reconnaissance mondiale des produits. Et lorsqu’on parle de reconnaissance, il faut aussi parler de législation. Ecoutons ce que l’ambassadrice française nous dit concernant la législation. Elle a même ajouté des conseils à l’endroit des représentants étatiques du pays.

Les représentants étatiques, à savoir les Etats de Edo, Kaduna, Katsina, Kwara, y compris le ministre nigérian de l’agriculture ont salué les organisateurs de cette rencontre prestigieuse.

Il faut également noter que de nombreux produits ont gagné une place dans le cœur de millions de personnes dans le monde entier. Presque tous les États et les zones de gouvernement local du Nigeria, comme l’a précisé Olusegun Awolowo, ont des produits qui sont caractéristiques de leur emplacement. Pourtant, sans la certification des IG, la communauté locale ne sera pas en mesure de maximiser les avantages de ces produits uniques.

En outre, les IG intègrent les valeurs, la réputation et l’histoire d’un produit donné, fruit de la contribution de nombreux producteurs locaux, qui bénéficient en fin de compte en tant que producteurs d’un produit particulier dans la région où celui-ci est dûment protégé, ce qui permet de promouvoir le commerce et l’investissement. Les IG constituent un actif collectif important pour le processus de création de valeur, comme le montrent les tendances mondiales.

Les acteurs locaux peuvent faire usage des IG et participer à leur création de valeur, contribuant ainsi à la force économique d’un pays – de l’augmentation de la génération de revenus, du tourisme et de l’appréciation de la valeur de la terre, à l’augmentation des opportunités d’emploi, à la préservation des connaissances traditionnelles et, finalement, à la reconnaissance mondiale et à la promotion de la coopération régionale’. Par exemple, le 4 juillet 2015, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), en reconnaissance de la réputation mondiale du Champagne, a inscrit les “coteaux, maisons et caves de Champagne” sur sa liste du patrimoine mondial. Les coteaux, maisons et caves de Champagne rejoignent ainsi Stonehenge, la Grande Muraille de Chine et les Pyramides de Gizeh, entre autres, sur la liste des sites du patrimoine mondial. En d’autres termes, lorsqu’une IG acquiert une réputation mondiale, son lieu d’origine peut renforcer son statut touristique et, partant, ses activités socio-économiques.

Toutefois, lorsque des producteurs situés en dehors d’une zone géographique particulière utilisent l’IG pour des produits qui ne sont pas conformes aux normes fixées par l’IG, la réputation de l’IG est affectée, ce qui entraîne une perte de la demande pour les produits de cette région. Le fait de ne pas reconnaître une IG laisse la possibilité à un autre pays ou à une autre région de le faire et, dans des cas extrêmes, une IG peut souffrir de “généricide”, c’est-à-dire qu’elle est facilement produite en dehors de la région géographique et qu’il est difficile d’établir des différences ou une supériorité dans la région d’origine.

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