Mesures prises pour réduire la corruption au Nigéria

Article de Latifat Afegbua

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Comme dans de nombreux pays du monde, la corruption au Nigeria remonte à l’ère pré-indépendance. Dans le Nigéria post-colonial, la corruption était devenue courante, mais elle était pratiquée en cachette. Au début de l’administration autochtone et de la découverte du pétrole et du gaz naturel, les pratiques de corruption étaient déjà monnaie courante.

La corruption se manifeste de nombreuses façons. Des actions telles que le népotisme, l’avidité et la mégalomanie s’ajoutent pour renforcer les pratiques de corruption.

Ironiquement, tout au long de l’histoire politique du Nigeria, presque toutes les campagnes électorales ont été axées sur la lutte contre la corruption ou fondées sur des discours prônant des moyens de décourager les activités corrompues et de combattre la corruption dans le pays.

En effet, les administrations successives ont essayé de combattre ce monstre, avec peu ou pas de succès. Par exemple, les première, deuxième et troisième républiques ont été assaillies d’incursions militaires en raison de la corruption du gouvernement civil en place, ce qui a eu pour effet de tronquer et d’étouffer la démocratie nigériane.

Après l’indépendance, de nombreuses commissions de lutte contre la criminalité et la corruption, telles que l’Independent Corrupt Practices Commission (ICPC) et l’Economic and Financial Crimes Commission (EFCC), ont été créées pour enrayer ce fléau. Plusieurs autres politiques et lois ont également été promulguées pour lutter contre la corruption et les crimes économiques aux niveaux fédéral, étatique et local. En 2016, l’administration actuelle du Nigeria a mis en place la “politique de dénonciation” afin d’encourager les gens à révéler les pratiques de corruption.

Aujourd’hui, bien que la lutte contre la corruption reste féroce, elle doit encore s’enraciner avec succès, face à la myriade d’influences externes et internes qui stimulent et profitent de cette tendance.

La corruption endémique dans toute société affecte négativement la bonne gouvernance, encourage la mauvaise allocation et le détournement des ressources vers des mains privées, le sous-développement dû au manque d’exécution des projets et au mauvais développement des infrastructures, parmi de nombreux autres maux, car des ressources à peine suffisantes sont détournées par des pratiques de corruption, ayant des conséquences désastreuses sur le bien-être de la société en général.

Depuis les élections générales en 2015, le président Muhammadu Buhari, qui est mondialement perçu comme un parangon de la lutte contre la corruption, a fait de la lutte anti-corruption un pilier majeur et la priorité absolue de son administration, en plus de l’amélioration de la sécurité et de la relance de l’économie.

Les efforts de l’administration Buhari ont été salués par de nombreux dirigeants du monde entier, dont l’ancien secrétaire d’État américain, John Kerry, lors du Forum économique mondial de Davos, en Suisse.

Le président Buhari et son administration continuent de travailler en étroite collaboration avec les États-Unis, le Royaume-Uni et divers pays du Moyen-Orient, afin de saisir et de rapatrier les biens des fonctionnaires soupçonnés d’avoir été achetés avec des fonds illicites.

À cet égard, plusieurs législations sont également entrées en vigueur afin de mettre un frein aux pratiques de corruption institutionnelle, de protéger les biens et les infrastructures de l’État et de mettre en place des mesures préventives globales qui minimisent la corruption.

Parmi ces politiques, citons le Compte unique du Trésor(TSA), l’Integrated Personnel and Payroll Information System (IPPIS), la loi de l’industrie Pétrolière, l’autonomie financière des législatures d’État et du pouvoir judiciaire (2020), la politique de dénonciation, le recouvrement des actifs, ainsi que les réformes de la justice et du droit.

L’agence anti-corruption du Nigeria, la Commission de lutte contre les crimes économiques et financiers (EFCC), est également devenue très active. La commission a lancé une série d’enquêtes sur d’anciens hauts fonctionnaires des administrations précédentes, notamment d’anciens membres du cabinet, des gouverneurs d’État et des hauts fonctionnaires.

Sans aucun doute, il faudra nécessairement faire davantage pour maintenir le rythme actuel de la lutte contre la corruption. Outre les mesures déjà mises en œuvre, les gouvernements à tous les niveaux doivent intensifier les politiques visant à améliorer le bien-être des citoyens.

Il s’agira d’intensifier la lutte anti-corruption avec une détermination et une persistance plus fortes, tout en instaurant une plus grande confiance et un partenariat avec la population pour éviter de telles pratiques.

Ces mesures permettront non seulement de sortir le Nigeria de la ligue des pays qualifiés de corrompus aujourd’hui, mais aussi de placer ostensiblement le pays sur la voie du développement durable et de la croissance économique, et d’en faire un phare pour l’ensemble de la race noire.

 

Article de Latifat Afegbua/ Traduction de Mourtada Nanzif Adékounlé

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