“Au-delà de la guerre, un risque de division du monde”, alerte Emmanuel Macron à l’ONU

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Guerre en Ukraine, crise climatique, insécurité alimentaire… Dans un monde divisé par les crises, les dirigeants de la planète, dont le président français Emmanuel Macron, ont commencé à se succéder mardi à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, éprouvée par des divisions profondes.

Quelque 150 chefs d’État et de gouvernement du monde entier ont commencé à prendre la parole mardi 20 septembre à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, grand-messe diplomatique annuelle qui reprend en présentiel après deux années perturbées par le Covid-19.

Traditionnellement, cette première journée fait la part belle au discours du président américain qui, en tant que dirigeant du pays hôte du siège des Nations unies, s’exprime dans les premiers. Mais exceptionnellement – comme à de très rares occasions par le passé –, ce ne sera pas le cas : Joe Biden, qui était aux funérailles de la reine Elizabeth II, a décalé son intervention à mercredi.

Lors de son discours d’ouverture, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre le risque “d’un hiver de grogne mondiale” en raison des multiples crises qui frappent l’humanité.

“La crise du pouvoir d’achat se déchaîne, la confiance s’effrite, les inégalités explosent, notre planète brûle”, et malgré tout “nous sommes bloqués par un dysfonctionnement mondial colossal”, a déclaré Antonio Guterres qui a plaidé pour une taxe sur les profits des énergies fossiles.

Emmanuel Macron alerte sur un risque de “division du monde”

L’invasion de l’Ukraine par la Russie sera au cœur de cette semaine diplomatique de haut niveau, avec une intervention, mercredi, du président ukrainien, Volodymyr Zelensky – par vidéo grâce à une autorisation spéciale votée la semaine dernière par les États membres – et un Conseil de sécurité jeudi au niveau des ministres des Affaires étrangères.

Mais les pays du Sud s’agacent de plus en plus que les Occidentaux focalisent leur attention sur l’Ukraine. “Nous ne voulons pas seulement parler de mettre un terme au conflit en Ukraine. Nous voulons que les conflits prennent fin au Tigré, nous voulons que les conflits prennent fin en Syrie, nous voulons que les conflits prennent fin où qu’ils pointent leur nez dans le monde”, a ainsi martelé la Première ministre de la Barbade, Mia Mottley, lors d’une journée préliminaire axée sur l’éducation et les objectifs de développement.

Pour tenter de répondre aux inquiétudes de certains pays, Américains et Européens ont organisé mardi, une réunion de haut niveau sur la sécurité alimentaire, conséquence de cette guerre dont souffre toute la planète. “Il n’y a pas de paix avec la faim et il n’y a pas de lutte contre la faim sans la paix”, a résumé le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, tandis que son homologue allemand, le chancelier Olaf Scholz, appelait à “agir avec un sentiment d’urgence”.

Dans son intervention, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de prévenir une logique de “blocs” alertant sur un risque de “division du monde”. “L’heure n’est ni à la revanche contre l’occident, ni à l’opposition de l’ouest contre le reste, elle est au sursaut collectif de nos pays souverains et égaux face aux défis contemporains”, a déclaré le président français appelant à un nouveau contrat entre le Nord et le Sud.

Cet impératif est rendu d’autant plus urgent par la guerre en Ukraine qualifiée de “retour à l’âge des impérialismes et des colonies” par le président français. “Nous avons tous un rôle pour y mettre un terme car nous en payons tous le prix”, a-t-il affirmé.

Crise climatique

Ces tensions provoquées par la guerre en Ukraine font écho au ressentiment Nord-Sud dans la lutte contre le changement climatique. Les pays pauvres, en première ligne des impacts dévastateurs d’un réchauffement dont ils ne sont pas responsables, se battent notamment pour que les pays riches tiennent enfin leurs promesses d’aide financière.

À deux mois de la conférence sur le climat de l’ONU COP27, le président de l’Union africaine, le Sénégalais Macky Sall, a appelé dans son intervention les pays riches à financer l’adaptation des pays les plus vulnérables au réchauffement climatique.

“L’Afrique a assez subi le fardeau de l’histoire” et ne veut pas être “le foyer d’une nouvelle guerre froide”, a également déclaré Macky Sall en référence à la guerre d’influence que se livrent la Russie et les pays occidentaux sur le continent.

Des absences remarquées

Vantant l’activisme turc sur le dossier ukrainien, Recep Tayyip Erdogan, a assuré que “la guerre ne [pourrait] jamais triompher”.

L’allié historique de l’Azerbaïdjan, a également déclaré qu'”une paix permanente” pouvait être trouvée entre Bakou et l’Arménie alors que de récents affrontements ont fait plus de 300 morts entre ces deux pays en conflit autour de la région du Haut-Karabakh.

Le président iranien, Ebrahim Raïssi, est aussi à New York cette semaine pour sa première Assemblée générale et le dossier nucléaire pourrait une nouvelle fois se retrouver au centre des discussions. “La balle est maintenant dans le camp de l’Iran”, a insisté Emmanuel Macron après une longue rencontre avec son homologue iranien alors que des négociations sont en cours pour redonner vie à l’accord nucléaire de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Il a également assuré avoir “insisté sur le respect des droits des femmes” alors que des manifestations se sont déroulées dans plusieurs villes iraniennes après la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs. Le président chilien Gabriel Boric a rendu hommage à la tribune à cette jeune femme Mahsa Amini, appelant à “la fin des abus de la part des puissants où qu’ils soient”.

Cette semaine de haut niveau compte en revanche quelques absents de marque, en particulier les présidents russe, Vladimir Poutine, et chinois, Xi Jinping.

 

Avec AFP

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