Le b.a.-ba du NLC, le syndicat de travailleurs nigérians
Propos recueillis par Helen Shok Jok depuis Abuja
Le syndicat du travail au Nigeria (NLC) a rendu public le recueil de ses activités et de sa lutte au cours des quarante dernières années de son existence.
Lors d’une présentation publique de l’ouvrage intitulé “Histoire contemporaine de la lutte de la classe ouvrière, 1978-2018”, les intervenants ont été unanimes à dire que le Nigeria ne pourra progresser en tant que nation que lorsque les autorités et les citoyens feront de la productivité le centre de la vie quotidienne des gens.
En 2018, alors que le NLC célébrait ses quarante ans de naissance, un appel a été lancé en faveur de la documentation du mouvement de ses luttes au fil des ans pour la postérité.
La présentation publique du livre a été la réponse à cet appel lancé il y a presque cinq ans.
Accueillant les dignitaires, Ayuba Wabba, du NLC, a noté que l’occasion était également de reconnaître les efforts des vétérans du NLC et leurs contributions à la lutte des travailleurs au Nigeria.
Le NLC, a-t-il ajouté, au fil des années, a pris en charge des questions nationales urgentes comme la campagne pour l’éducation de meilleure qualité, de meilleurs programmes de bien-être pour les travailleurs, y compris les salaires, et a constamment résisté à ce qu’il a appelé “l’accumulation primitive de la richesse” par certains individus.
Selon Wabba, ” il est nécessaire que la classe ouvrière soit vigilante afin de maintenir les avantages durement acquis sur les différents lieux de travail, comme l’accentue la phase actuelle du paradigme économique néolibéral “.
Le livre
Donnant un aperçu du contenu du livre, le président du NLC, qui est également président de la Confédération syndicale internationale CSI, a évoqué que le livre était une brève histoire du syndicat, ce qui est la première étape de sa résolution à documenter la riche lutte de “notre mouvement”.
“Le Syndicat du travail au Nigeria a évolué de l’époque coloniale à nos jours en tant qu’organisation de lutte pour les travailleurs de ce pays, depuis le récit de nos ancêtres dans la lutte anticoloniale jusqu’à l’indépendance.
“Il couvre la période de réorganisation de NLC, à travers les années sombres du régime militaire et la lutte de la classe ouvrière.
“Il couvre également toutes les concessions que nous avons réussi à obtenir de notre élite dirigeante à la suite de négociations et de luttes acharnées”, a-t-il intimé.
Selon M. Wabba, le livre a été rédigé pour permettre aux principaux acteurs de la vie du syndicat d’expliquer, avec leurs propres mots, la raison d’être de certaines des décisions qu’ils ont prises lorsqu’ils étaient en fonction ou ce qui les a motivés.
Prenant également la parole, le premier président de NLC, M. Hassan Sunmonu, a félicité la direction du Syndicat pour les progrès réalisés dans la documentation de l’histoire de la lutte des travailleurs au Nigeria.
De nombreux politiciens, selon la même source, ne sont pas conscients du “grand rôle que les travailleurs ont joué pour que le pays gagne son indépendance”.
“Mais grâce à ce livre, nous pourrons raconter les nombreuses batailles que les mouvements ont dû mener pour que les travailleurs et les Nigérians obtiennent de bonnes choses.
Grève de ASUU
Il a également déploré l’action industrielle prolongée d’ASUU (Syndicat du personnel académique des universités au Nigéria) et a appelé le gouvernement à accorder la priorité à l’éducation en sortant de l’impasse avec ASUU.
Le président du Congrès des syndicats, (TUC) M. Festus Osifo, a évoqué que le travailleur nigérian avait été supprimé et assujetti, que la valeur du salaire minimum national avait été érodée par l’inflation et la chute du naira.
“Aujourd’hui, notre salaire minimum est inférieur à 50 dollars par mois, lorsqu’il a été négocié à 30 000 naira, vous vous souviendrez qu’il était d’environ 90 dollars, mais aujourd’hui, en raison de l’inflation, sa valeur a été complètement érodée”, a-t-il détaillé.
Il a appelé le gouvernement nigérian à accorder de l’importance à la classe ouvrière, car c’est elle qui crée la richesse de la nation.
Le président du TUC a également demandé au gouvernement de veiller à ce que l’ASUU retourne dans les salles de classe.
Les auteurs
Tout en félicitant les auteurs du livre, John Odah, Onah Iduh, Salisu Muhammed, Benson Upah, Asuzu Echesona et le NLC, le critique du livre, le professeur Dafe Otobo de l’Université de Lagos, a intimé que la lutte de la classe ouvrière est trop complexe et se produit dans toutes les industries simultanément.
Il a précisé que le livre était louable car il couvre les principaux acteurs depuis le début du mouvement ouvrier et leur lutte pour la classe ouvrière.
Le ministre du travail et de l’emploi, Dr Chris Ngige, a reconnu dans son discours que le travail crée la richesse, mais a souligné l’importance du dialogue social pour garantir l’harmonie industrielle.
Répondant aux appels lancés au gouvernement nigérian pour qu’il réponde aux demandes de ASUU afin qu’elle retourne dans les salles de classe, Dr Ngige a rappelé qu’aucune négociation n’est forcée.
“Vous ne pouvez pas dire que soit vous me donnez 200 %, soit je continue ma grève. Il y a des lois qui régissent la grève. Il y a des principes de l’OIT sur le droit de grève. Personne ne peut le supprimer.
“Mais il y a des choses qui suivent lorsque vous vous lancez dans une grève en tant que travailleur, et elles sont inscrites dans les lois de notre pays.
“C’est écrit dans la Loi sur les différends commerciaux. Les principes de la grève de l’OIT s’accentuent sur le droit d’un travailleur de retirer ses services. Il existe également un droit de piquetage. Ce sont des choses qui se font”, a-t-il révélé.
Le ministre a insisté sur le fait qu’il avait concilié le différend à deux reprises, d’abord le 22 février, une semaine après le début de la grève, et que certains accords avaient été conclus, puis il a ramené tout le monde le 1er mars pour une nouvelle conciliation.
Selon lui, la seule chose qui restait à faire était de retourner au ministère fédéral de l’éducation pour renégocier l’accord de 2013.