L’agence nigériane de lutte contre la corruption (Independent Corrupt Practices and other related offences Commission, (ICPC), a appelé à une action et à un cadre mondial sur les flux financiers illicites (FFI) similaires à la corruption.
Le président de la Commission, le professeur Owasanoye, a lancé cet appel lors d’un événement parallèle à la 54e conférence de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA), qui se déroule actuellement à Dakar, au Sénégal.
S’adressant virtuellement à la réunion, le patron de l’ICPC a souligné la nécessité d’un cadre mondial sur les FFIs dans le cadre d’un engagement déterminé à s’attaquer à la menace.
“Le défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui est que les règles ont toujours été biaisées en faveur de ceux qui exportent des capitaux et contre ceux qui en importent. La corruption est un problème mondial et nous avons un cadre mondial sur la corruption.”
“Le FFI est également un problème mondial mais ne dispose pas d’un cadre mondial. Une façon de sortir du problème est d’instituer un cadre mondial sur le FFI qui, entre autres, traitera des énormes pertes financières subies par les pays africains.” a noté le président de l’ICPC.
Selon M. Owasanoye, la pandémie de Covid-19 et la guerre entre la Russie et l’Ukraine ont compliqué les ressources financières des pays africains, d’où la nécessité de s’attaquer aux FFIs et d’arrêter l’hémorragie des ressources financières des pays africains.
“Ces mesures juridiques et politiques comprennent, entre autres, la révision des accords conclus avec les sociétés multinationales, la révision des accords de double imposition défavorables et la promulgation de lois, de règles ou de règlements sur l’ordonnance relative à la richesse inexpliquée ou l’audit du style de vie”.
Le président de l’ICPC a également préconisé des mesures plus sévères à l’encontre des fonctionnaires corrompus qui représentent de connivence avec les multinationales, contre leurs pays.
“Les pays africains doivent comprendre que les multinationales se partagent les contrats. Les parties juteuses des contrats avec les multinationales sont domiciliées dans leurs pays d’origine tandis que les parties non juteuses des contrats sont domiciliées en Afrique.”
Par ailleurs, la secrétaire générale de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Rebecca Grynspan, a intimé que l’économie mondiale subissait d’énormes pressions en raison de la pandémie de Covid-19, de la guerre entre la Russie et l’Ukraine et du changement climatique.
Selon ses mots : “Nous sommes conscients de la hausse des taux qui rend l’accès au financement de plus en plus difficile pour les pays africains. Les économies africaines ressentent également l’impact de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, ce qui creuse le fossé financier.
“L’Afrique a besoin de 2,45 mille milliards de dollars pour combler son déficit de financement des ODD. Nous pouvons combler la moitié du déficit de financement des ODD pour l’Afrique si nous parvenons à endiguer les IFFs. Nous ne pouvons donc pas continuer à laisser les milliards de dollars d’IFFs échapper à l’Afrique chaque année.”
Elle a insisté sur le besoin de données et de collaboration entre les institutions africaines, telles que les douanes et les banques centrales, comme condition nécessaire au suivi des FFIs.
La réunion, à laquelle ont participé des représentants des pays membres de la Communauté économique pour l’Afrique, des chefs d’agences de lutte contre la corruption et des organismes internationaux, s’est concentrée sur les efforts régionaux visant à suivre, à récupérer et à restituer les avoirs volés à l’Afrique par le biais des FFIs.
La portée considérable de la Convention et le caractère obligatoire de nombre de ses dispositions en font un outil unique pour élaborer une réponse globale à un problème mondial.
La grande majorité des États membres des Nations unies sont parties à la convention.